À bord de leur Figaro Bénéteau 2, Quentin et Vianney Froment – aka les Shaka Bros - bouclent les 3 800 milles du parcours entre la Trinité-sur-Mer (Morbihan) et Fort- de-France (Martinique) en 20 jours 3 heures 49 minutes et 20 secondes. Ils coupent la ligne d’arrivée à 12h 49m 20s (heure locale), soit 18h 49m 20s (heure métropole), en troisième position. Quelle belle première pour ces 2 montpelliérains qui ont couru cette Cap-Martinique sous les couleurs de l’association ROCHER, OASIS DES CITES ! Chapeau messieurs !

Les premiers mots à Fort-de-France :

« Le départ quand tout le monde te dit aurevoir, c’est émouvant. Tu te dis : qu’est-ce que je fais là ? Suis-je à ma place ? » 

C’est une première traversée de l’Atlantique ?
« C'est une première, j'avais calculé, je n’avais jamais passé plus de 5 jours en mer d'affilée. Nous sommes méditerranéens, donc la côte n’est jamais très loin. On se dit on est vraiment tout petits, il peut arriver plein de trucs quand même, il ne faut pas qu'on casse, il ne faut pas qu'on tombe à l'eau…»

Comment qualifierez-vous cette première édition de la transat Cap-Martinique ?
« Convivialité, et je vais développer il y a une super ambiance sur l'eau entre les concurrents avec des échanges de sms, des soutiens d'encouragements et de prises de nouvelles des uns et des autres, c'est génial. Ça m'a beaucoup touché et dès le départ, dès la semaine de préparation ça a été super et ça s'est prolongé sur les 3 semaines donc la convivialité c'est vrai. Je dirais rapide parce qu’on n'a pas l'impression d'avoir chômé. On a quand même essayé de faire avancer le bateau et il y en a qui sont bien plus rapides encore, donc vraiment rapide. »

En 3 semaines de course, quelle analyse faites-vous ?
« Très varié entre le départ où il n’y avait pas beaucoup de vent à la sortie. On vient du Sud, de la Méditerranée, donc c'était la première fois qu'on naviguait dans l'Atlantique dans cette baie de Quiberon, Belle-Île, magnifique c'est vraiment splendide. Ensuite, comme la Gascogne, le Cap Finisterre est incroyable et la traversée du DST est flippante avec tous les cargos tous les bateaux qui croisent dans tous les sens, en plus il y avait du vent et on venait d'exploser un spi. Une fois arrivés à Madère, on commence à partir, et là… l'immensité. On ne voit plus personne. »

Racontez-nous une anecdote sur vos dernières semaines, qui vous a fait peur ?
« Je n’ai pas eu de frayeur, j'ai eu des appréhensions sur les empannages du spi de nuit… même de jour. Les empannages ce n’est pas mon truc… On n’a pas le bateau depuis très longtemps, et je me dis que waouh c'est un sacré bateau et on aurait pu tirer dessus encore beaucoup plus !  Quand on part en surf de 18/19 nœuds avec un spi à 35 nœuds tout dehors et le bateau l'accepte. On a évité un cachalot de justesse dans un surf et on allait vite et on s'est dit, après coup, si on l'avait tapé, là on aurait pu se faire mal à nous-même ainsi qu’à lui. Ça m'a fait comprendre qu’il peut arriver pas mal de trucs. »

Comment vos proches ont-ils vécu cette séparation ? Et vous ?
« Bien, dans le sens où on était un peu en contact par message. Les gens ont un peu suivi. Ce qui était un projet assez individuel où on s'est fait plaisir à 2 frères à réaliser le rêve d'une vie, finalement nos familles, les enfants, nos cousins… tous nous ont suivi. On a un peu fédéré autour de ce projet, on est super contents de découvrir à travers les messages qu’en fait il y avait plein de gens qui se prenait de passion pour notre aventure. On a reçu une photo en arrivant, il y avait une banderole dans leur salon en disant bravo Quentin et Vianney, ça c'est génial. »

Pourquoi avoir choisi cette association ? 
« On connaît bien, parce qu’on a des membres de la famille qui s’y sont investis. C'est une association qui s'occupe de faire de la réinsertion sociale en cité, de faire du lien social et d'aider les gens à mieux vivre ensemble. Ça nous a fait sens. »

Cette première transat Cap-Martinique est placée sous le signe de la solidarité du partage, cela fait sens tout particulièrement pour vous puisque vous êtes 2 frères. Pensez-vous que ça va resserrer vos liens ?
« On était déjà assez soudés au départ, on travaille ensemble. Il n’y a pas eu un seul problème pendant les 3 semaines. On a une confiance réciproque, c'est vraiment une grande chance. Je vais me coucher, je suis tranquille. Il gère, même mieux que moi, donc c'est super. Oui, ça renforce encore des liens qui étaient déjà très unis. Moi, je n’envisageais pas de le faire avec une autre personne que Quentin. »

Vos pronostics concernant la course, êtes-vous contents ?  
« Déjà nous sommes arrivés, c'est génial, c'était notre objectif. Nous sommes des régatiers dans l'âme, on aime bien tout donner. On s'est dit, au moins on n'a pas de regret peu importe la place qu'on fait, on a vraiment tout donné. Finir 3e en temps réel, c'est incroyable, on ne s'y attendait pas. On n’a pas un bateau avec un rating qui permettait de jouer du temps compensé donc on ne regarde pas du tout le compensé depuis le début. On s'est dit, nous c'est vraiment le temps réel. »

Qu’avez-vous hâte de découvrir en Martinique ?
« Retrouver nos femmes ! La joie de vivre et la convivialité, on parle beaucoup des martiniquais et de l'ambiance martiniquaise, j'ai hâte d'aller voir ça. »

Quentin et Vianney
Le Rocher - Oasis des Cités